Une virée pittoresque au pays des fruits à noyau.

Notre équipe a passé une semaine à visiter des vergers parsemés le long de la péninsule du Niagara, s’arrêtant pour une halte des plus enchanteresses à Beamsville chez Torrie Warner, de la ferme fruitière éponyme. Torrie est avec nous depuis sept saisons maintenant et nous envoie chaque été une folle variété de fruits à noyau - son verger en abrite une centaine. Fruiticulteur de troisième génération, il a grandi parmi les pêchers et a appris les ficelles du métier aux côtés de son père Fred, qui, à l’aube de ses 94 ans, donne toujours un coup de main là où il peut. Avec son aide, Torrie est devenu l’un des premiers producteurs de la région à troquer les habituels pesticides de synthèse contre les biocontrôles il y a une quinzaine d’années. Loin d'être un pari facile quand on sait que ces « fruits tendres », comme les appelle Torrie, sont de véritables aimants à insectes. Si ses récoltes en prennent un coup chaque année, il sait que c'est le prix à payer pour des fruits cultivés de manière responsable.

Jetez un œil aux photos tirées de notre dernière visite pour un avant-goût de la ribambelle de fruits à noyau qui vous attend.

Un verger ancestral qui a vu s’épanouir trois générations de Warner. C’est en 1919 que Frank Warner plantait son tout premier arbre fruitier pour fonder Warner’s Farm. Deux générations plus tard, son petit-fils Torrie reprenait les rênes du verger familial qu’on connaît aujourd’hui.

Qu’ils viennent de près ou de loin, les cueilleurs de Torrie sont aussi de la famille. Arrivant tout droit de la Jamaïque, Trent (s’affairant ici à récolter les abricots) suit les traces de son grand-oncle, Arthur, qui a travaillé avec Torrie pendant une trentaine d’années avant de prendre sa retraite. Torrie nous a confié que l’arrivée tardive de ses travailleurs saisonniers a été son plus grand défi cette année. Heureusement qu’il a pu rallier les troupes locales pour pallier le manque de main-d'œuvre.

Les arbres sont si luxuriants cette année qu'ils semblent toujours crouler sous les fruits. Ça n’en a peut-être pas l’air, mais les fruits les plus mûrs du pêcher qu'Alexis (de notre équipe des achats) est en train d’admirer ont déjà été récoltés par les quelque vingt cueilleurs de Torrie.

Pour la première fois en trois ans, les abricots abondent. Enfouis sous un pied de neige, les très délicats abricots ont bien failli y laisser leur peau (duveteuse) après une tempête inattendue au printemps. Littéralement à un demi-degré près de tirer leur révérence, la chance a tourné et ils ont survécu pour nous donner une récolte exceptionnelle.

Les attaches à phéromones sont les biocontrôles préférés de Torrie. Il y a à peu près une quinzaine d’années, Torrie a découvert ces petits fils couleur rouille. D’apparence banale, ils agissent à titre de leurres attractifs en imitant l’odeur des insectes femelles, ce qui désoriente les mâles en quête de partenaires et limite ainsi leur reproduction.

Des décennies de fruiticulture responsable ont fait de Torrie le roi des fruits à noyau. C’est à force d’essais et d’erreurs qu’il a su mettre au point une foule de méthodes alternatives, siégeant à présent au conseil d'administration de la coopérative Vineland (un autre de nos partenaires ontariens) et enseignant les rudiments de la fruiticulture responsable à d’autres agriculteurs du coin - lorsqu’il n’est pas occupé à offrir une petite visite guidée du verger à Anaïs, qui fait aussi partie de notre équipe des achats. Est-ce qu’on est les seuls à trouver qu’elle a l’air tout droit sortie d’un conte de fées?

Toujours curieux d’expérimenter avec de nouvelles cultures, Torrie s’amuse à nous surprendre avec un éventail toujours plus grandissant de fruits. Sa méthode de prédilection? Planter une dizaine d’arbres par cultivar et observer comment ça se passe. Cette année, il teste les mûres, les kakis, les kiwis nordiques (qui poussent sur vignes) et les pawpaws (un fruit « tropical » indigène de l'Amérique du Nord). En attendant qu’ils soient prêts, Rickie (qui travaille avec Torrie depuis sept ans) récolte une tonne d’abricots pour le cadeau de la semaine prochaine.

Après l’apogée des pêches, prunes et abricots, les prunes Shiro. Et, qui sait, peut-être bien quelques noix de Grenoble (!) à l’automne. Si Torrie a mis tant de temps avant de pouvoir nous en envoyer, c'est parce que certaines variétés de noyers (dont les noisetiers - on croise les doigts pour ceux-là!) mettent dix ans avant de produire des fruits.

Selon Torrie il faut « planter des poiriers [et des abricots!] pour ses héritiers ». Petit clin d'œil au poirier centenaire (le doyen de la ferme) qui trône fièrement au milieu du verger et la raison pour laquelle il tient mordicus à la fruiticulture durable. Alors que d'autres fruiticulteurs mettent toute leur énergie à trouver des variétés qui poussent bien, Torrie s'intéresse davantage aux qualités de chacune et à la façon dont elles s'intégreront à son verger.

À une autre saison fructueuse avec Torrie et sa grande famille!