Notre équipe s’est mouillé les pieds avec nos pêcheurs d’huîtres et de moules responsables.

La semaine passée, trois de nos coéquipiers ont plié bagage pour un périple autour de l'Île-du-Prince-Édouard, où ils ont été plongés dans le petit monde de la pêche responsable aux huîtres et moules. 

L’itinéraire a été confié à Troy (notre aficionado de fruits de mer responsables), un p’tit gars du patelin qui connaît apparemment tout le monde qu’on y croise. Bien guidés, on est arrivés à Charlottetown le premier jour de la pêche automnale aux huîtres. Pour leur laisser le temps de se reproduire, elles ne sont pêchées que de la mi-septembre au début décembre à l’automne et de mai au début août au printemps, soit un total de 20 semaines par année. En ce début de saison, on a vu plus de 70 pêcheurs parés à embarquer dans leurs bateaux, malgré des vents de 50 km/h, du brouillard et un froid de canard. 

Pêche aux huîtres sauvages - Mill River, Î.-P.-É.

Wayne (le cousin de Troy) nous a montré comment se préparer la veille du grand jour. Lui qui va à la pêche aux huîtres sauvages depuis plus d’une vingtaine d’années, il s'assure que toutes ses pinces et boîtes sont à bord de son doris (le bateau à huîtres) et vérifie ses permis d’embarcation. 

Sur la rivière Mill, on finalise les préparatifs 15 minutes avant l'aube. Le premier jour est celui où on voit le plus de monde - les pêcheurs sont payés à l'huître, il est donc hors de question de tourner en rond. 

Voguant sur les flots, Wayne met le cap vers une zone peu profonde où il sait d’expérience que les huîtres vont être au rendez-vous. Avec des pinces de bois en guise de râteau-grappin, il remonte les huîtres du fond de l’eau - cette technique perturbe à peine (voire pas du tout) l’écosystème.

Le pêcheur remet à l’eau les huîtres qui sont plus petites que trois pouces pour les laisser grandir jusqu’à la saison suivante. Quand sa journée est terminée (environ 10 heures plus tard), il amène ses mollusques au camion de Five Star Shellfish qui l’attend à cinq petites minutes de route pour qu’elles soient ensuite acheminées au centre de traitement. 

Vu que la pêche aux huîtres est une affaire indépendante, chaque pêcheur est libre de choisir avec qui il collabore. Dans ce cas, Wayne et ses frères travaillent avec Five Star depuis longue date, parce qu’ils savent qu'on peut leur faire confiance côté rigueur du classement et maintien de la chaîne du froid. 

Five Star Shellfish  - Milligan's Wharf, Î.-P.-É.

On serre la pince des frères Wyatt et Gordon qui relaient des mollusques depuis le tournant du millénaire. Toujours en bateau depuis l’âge ado, les frères connaissent tous les pêcheurs du coin. Troy a fait appel à eux quand il a bâti notre sélection de fruits de mer, sachant que son père Johnny leur vendait des huîtres depuis plus de 22 ans et qu’il avait en eux une confiance sans fin. 

Chez Five Star, les huîtres sont triées, nettoyées et remises à l’eau jusqu'à ce qu'une commande soit passée. Cette année, elles ont le vent dans les voiles : la demande est bonne et le temps s’annonce clément - c’est soulageant après les ralentissements de la pandémie. Nos camions se rendent chez Five Star deux fois par semaine : ça veut dire que toutes les huîtres reçues par les Lufavores sont de loin les plus fraîches qu’on peut trouver autour de Montréal. 

Prince Edward Aqua Farms - New London, Î.-P.-É.

Notre équipe s'est mouillé les pieds lors d’une visite de Prince Edward Aqua Farms (PEAF). Parmi l’industrie de fruits de mer durables, les mytiliculteurs (éleveurs de moules) de l'Î.-P.-É. sont les meilleurs. Ils travaillent avec des mollusques élevés dans leur habitat naturel depuis quatre décennies sans rien perturber. Jerry (leur DG), un Terre-Neuvien transplanté à l’Î.-P.-É. depuis l’effondrement de l'industrie du poisson de fond, a été attiré par la durabilité innée de la mytiliculture.

À la merci des intempéries, notre équipe n'a pas pu naviguer cette année, parce que les vents étaient beaucoup trop violents. Les boudins étant très lourds, les pêcheurs craignaient qu'en les sortant de l'eau, ils ne s'envolent. Au lieu de ça, ils nous ont fait visiter leurs installations et nous ont expliqué ce qui se passe sur la terre ferme.

Jerry explique que chaque printemps, les moules libèrent plusieurs semences. Son équipe recueille ces graines à l'aide d'une ligne sur laquelle elles forment une coquille (appelée naissain). Elles sont ensuite détachées et placées dans des boudins (des tubes en filets) qui sont remis à l’eau, là où elles vont mûrir et se développer pendant environ un an.

Une fois qu’une commande est reçue, l’équipe de Jerry remonte les filets à la surface et rentre les moules dans le centre de traitement. Elles sont placées dans des machines (toutes électriques ou hydrauliques et fabriquées à Charlottetown) qui les retirent de leurs tubes et les lavent. 

Classées par tailles, elles sont placées dans un réservoir. De l’oxygène et de l’eau salée sont pompés dans chaque réservoir pour répliquer leur environnement naturel.

Les moules sont ensuite séparées à nouveau, puis emballées sur commande. Pour réduire le gaspillage, toutes les coquilles brisées et les matières rejetées sont réduites en « aqua grow », un engrais utilisé par les agriculteurs pour fertiliser leurs champs. Jerry souligne que la communauté est composée de trois entreprises qui travaillent harmonieusement, toutes utilisant un processus optimisé similaire.

Aimable comme tout, l’entourage de Troy nous a ouvert les yeux sur l'industrie des mollusques responsables. Des longues journées de pêche aux systèmes de traitement consciencieux, on a été impressionnés par chaque étape du processus. Oh, et les huîtres étaient pas mal bonnes!