Quinze ans à cultiver sur les toits.

Il y a quinze ans, nous avons décidé de changer la façon dont les villes s'alimentent - en commençant sur les toits. 

Dès son arrivée au Canada, notre fondateur Mohamed Hage rêvait de bâtir un meilleur système alimentaire local en cultivant là où les gens vivent. Contrairement à son enfance passée au Liban où le jardin familial fournissait des légumes frais au quotidien, il a remarqué que les produits locaux n'étaient pas accessibles à longueur d’année à Montréal. Sans aucune expérience en agriculture, il a imaginé un paysage urbain parsemé de serres sur toit, utilisant des espaces autrement perdus en ville pour les transformer en fermes florissantes. Ce n’était pas qu’une question de cultiver des légumes, mais de le faire dans un endroit où les terres sont déjà saturées, le plus près des gens et sans pesticides de synthèse. Ce qui n’était au départ qu’un rêve audacieux s’est rapidement transformé en un plan d’action dessinant le futur de l’agriculture durable en milieu urbain au Québec.

Notre premier défi n’était pas d’apprendre à cultiver, mais de trouver un toit où s’installer.  Nous avons passé des heures à sillonner les surfaces d’immeubles sur Google Earth, toquant aux portes à la recherche d’une âme généreuse disposée à nous louer son toit. La tâche s’est avérée plus complexe que prévu, les propriétaires étant moins convaincus par notre projet que nous l’étions. C’est de retour à la maison que l’un d’entre eux a partagé notre idée folle avec sa famille, qui l’a convaincu que ce serait lui qui serait fou de ne pas nous laisser nous installer sur son toit…

Une fois l’idée semée, les serres se sont multipliées. En 2010, nous avons pris notre envol en érigeant la première serre commerciale sur toit au monde à Ahuntsic, démontrant que les aliments frais peuvent pousser en plein cœur de Montréal, été comme hiver. Nos premières années ont été plutôt téméraires - nous cultivions une panoplie de variétés sous le même toit, des tomates aux concombres jusqu’aux courgettes, laitues, fines herbes et même fruits de la passion. La polyculture est peut-être intéressante pour sa diversité, mais au bout du compte, tout est une question d’harmonie. Chaque plant avait ses propres besoins et certains cohabitaient plutôt mal. Les tomates, grandes amatrices de chaleur, se retrouvaient en désaccord avec les concombres, qui eux préféraient une ambiance plus tempérée. C’était le moment de verdir un nouveau toit.

Redéfinir l’agriculture urbaine, une ferme à la fois. Avec chaque nouvelle construction, nous avons perfectionné notre savoir-faire. Au lieu de gérer une douzaine de conditions dans un seul espace, nous nous sommes concentrés sur un nombre réduit de cultures par serre aux besoins similaires. La technologie y est aussi pour quelque chose - certaines de nos serres dotées du concept Ultra-Clima et de systèmes de gestion automatisés nous permettent d’économiser beaucoup d'énergie, mais aussi plus de vingt heures de travail manuel chaque semaine. Nos cinq serres sur toit et notre ferme intérieure nous permettent maintenant de cultiver plus intelligemment que jamais en récoltant de plus grands volumes, tout en maintenant des prix compétitifs. 

Il y a quinze ans, nous avons osé concrétiser une idée encore inexplorée. Aujourd’hui, les serres sur toit transforment l’agriculture en ville, et ce n’est qu’un début. Incluse dans les plans de construction d’un nouvel immeuble commercial, notre plus récente serre du Marché Central sert désormais de modèle sur lequel repose toute expansion future, que ce soit sur un bâtiment existant ou sur un nouveau projet immobilier. Comme il faut deux ans pour planifier et construire une serre, nous devons toujours avoir une longueur d’avance en érigeant la prochaine avant même d’en avoir besoin. Mais nous croyons en notre mission et nous savons que la demande suivra - persuadés que notre communauté de Lufavores, nos partenaires et notre équipe continueront de grandir avec nous dans ce mouvement frais, local et responsable.