Un aperçu de l'industrie du vin responsable au Québec.
À l’époque des vendanges (la récolte du raisin pour la production du vin), nos vignerons partenaires mettent le pied à l’étrier dès la troisième semaine de septembre pour presser le jus de leurs prochaines cuvées. Notre équipe a donc sillonné les vignes de la Montérégie et de l’Estrie pour avoir un avant-goût de leur saison et de la préparation du millésime 2022.
Avoir un vignoble au Québec, c’est faire son possible avec des saisons végétatives écourtées et moins ensoleillées - l'acidité est souvent plus marquée dans les vins d’ici (quand on les compare à ceux des régions viticoles plus connues). Chaque millésime amène son lot de hauts et de bas (vagues de chaleur, nuits froides, vents violents, pluies torrentielles, grêle, ravageurs), mais aussi un nouveau goût du terroir. Ces facteurs météorologiques et environnementaux ont une influence majeure sur les saveurs - tant mieux!
Faites défiler pour en apprendre plus sur trois vignerons, leur engagement envers l’environnement et la variété de vins qui passent de leurs caves à notre Marché.
Vignoble du Domaine St-Jacques, Saint-Jacques-le-Mineur
Rares sont les vignobles qui produisent des vins en grand et toujours plus responsablement. Mais c’est le cas du Vignoble du Domaine St-Jacques. Présentement sur le Marché, les cuvées 2021 sont officiellement ses premières en régie biologique et en fermentation sur levures indigènes. Auparavant, Yvan Quirion passait le plus clair de son temps aux champs, mais désormais sa fille Sarah et son gendre Gabriel mènent la relève (ci-dessus).
Zéro acidité, zéro amertume - leur cépage Lucie Kuhlmann est de loin le plus sucré qu’on ait goûté, directement de la vigne. Des filets sont fixés au-dessus de ces raisins à peau foncée, sans quoi les oiseaux ne manqueraient pas de se sucrer le bec en premier.
Compte tenu de conditions climatiques compliquées, ils ont dû se contenter d'une récolte plus maigre que l’an dernier. Pour limiter les ravages des gels printaniers, ils se servent de machines à vent (ci-dessus), repoussant l’air plus chaud vers les vignes au sol. Constatant finalement moins de pertes que prévu, l’équipe du vignoble se dit impressionnée du succès de cette innovation.
La cuverie du Domaine St-Jacques renferme une autre rareté - c’est notre seul partenaire muni d’une ligne d’embouteillage automatique. Plutôt que de faire affaire avec un tiers ou d’y aller à la mitaine, 1 000 bouteilles par heure sont stérilisées, remplies au millilitre près, encapsulées et étiquetées sur place.
Le Mas des Patriotes, Saint-Jean-sur-Richelieu
À l’intersection de l’agriculture, de la biochimie, des arts et de l’entrepreneuriat, il y a la vocation de vigneron. France a beaucoup appris d’elle-même et peut être fière de sa certification biologique. Elle tient quand même à ce que l’on mentionne Vincent, son chef de culture aguerri et maître de chai (la cave au ras du sol où l'on prépare le vin). Arrivé directement de Bordeaux avec un coffre-fort d’expérience d’une quinzaine d’années, sa vision est tournée vers la certification Demeter en biodynamie (agriculture holistique, régénérative et sensible).
Quand leurs baies arrivent presque à maturité, des filets sont installés pour protéger les fruits des oiseaux, altises et scarabées. Le seul animal qui ne se laisse pas duper, c’est le vilain raton laveur avec ses griffes qui déchirent facilement ces voiles de mariée.
Le Mas des Patriotes est le seul vignoble au Québec à n’utiliser que des ingrédients certifiés végétaliens. Plutôt que d’emprunter le chemin de la facilité avec des cépages hybrides (plus résistants au climat nordique), il fait présentement un virage vers les cépages vinifera (les vignes européennes) pour évaluer le potentiel de leurs parcelles.
Dès l’an prochain, France, Vincent et Claude (le mari de la vigneronne) seront les premiers à produire du Chenin blanc bio (ci-dessus) au Québec. Avec ses six hectares, plus une nouvelle rallonge à la cuverie qui abritera une cuve de 6 000 litres, le trio veut développer le terroir québécois et, comme France le dit si bien : « Exprimer l’harmonie entre le ciel et la terre. »
Maison Agricole Joy Hill, Frelighsburg
Au pays des pommiers québécois, Justine et Julien font leurs premiers pas dans l’univers de la viticulture responsable. Les deux soi-disant bébés vignerons pleins d’idées pas communes s’occupent en parallèle de Fleuri (leur cidrerie biologique). Ils ont acheté un verger de 7 hectares et demi, mais seulement pour y planter 37 000 vignes, par passion pour le vin.
Pluie et humidité ont été le thème de leur cinquième année, mais ils soignent leurs vignes qui ont souffert de l'oïdium blanc (une maladie fongique) avec des astuces propres à la culture responsable. Ils prévoient revaloriser du petit lait local, un sous-produit de la production de fromage, en plus d’utiliser des extraits d’agrumes et des huiles essentielles pour minimiser le développement des champignons microscopiques qui causent l’oïdium.
Sur les côteaux de Joy Hill, tout est fermenté sur levures indigènes et aucun sulfite n’est ajouté. Conventionnellement, les sulfites sont ajoutés pour éviter l'oxydation et la croissance bactérienne. Heureusement, le terroir québécois est propice aux vins légèrement plus acides, ce qui est parfait pour Joy Hill qui se réjouit de ne pas devoir ajouter de sulfites à ses cuvées.
Justine et Julien, deux personnes très allumées dans le chai, n’hésitent pas à sortir de leur zone de confort et à faire les choses pas comme tout le monde. Inspirée par les vins autrichiens, la paire fait des tests - tout en intervenant le moins possible - avec leurs cépages préférés (grüner veltliner et blaufränkisch) qu’on ne retrouve pas ailleurs au Québec.